Quand l’orage est arrivé, on faisait encore des plans pour les vacances. Demain est tombé en trombes indémontables, sur nos corps nus habitués au bonheur. Que d’instants merveilleux et blancs, sans importance, nous ont été ôtés, par le tonnerre et les larmes du ciel. Les éclairs nous offraient le relief dont on ne voulait pas. Enfants lisses nous aimions nos cécités derrière les cartes postales. Quand l’orage est arrivé tu n’as pas crié, tu n’as pas pleuré. Tu as juste dit « On a qu’à faire comme si… ». Pourtant il me manquait les forces, tu le savais. C’était juste un instant de plus, le temps d’une phrase. Il a fait gris longtemps, après cet orage. Et souvent, en souvenir de toi, je satine consciencieusement mes aspérités. Bientôt je ne pourrais plus, mes excroissances poussent bien. J’ai la main verte et je tombe en émoi pour les fleurs de ma peau. Bientôt tu ne me reconnaîtras plus. L’orage aura fini par m’imprégner tout à fait. Mes humidités ne voudront plus de toi, de ta blancheur sèche. Et nous serons libérés de nous, enfin.
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