Alcôve.


Une chambre. N’importe quelle chambre, les rideaux fermés. N’importe quelle heure, les aiguilles suspendues. Les corps dans l’espace du corps, un petit miracle d’intimité. Il ne se passe rien de visible entre ces corps, dans cette chambre. C’est rempli, pourtant, c’est plein et bouillonnant. Ils ont le temps. Peut-être viennent-ils de faire l’amour. Sans doute vont-ils se rejoindre, l’un à l’autre, dans un frisson, tout à l’heure. Rien ne presse. La lumière donne aux peaux un joli doré orangé avant de rebondir sur les murs. Ils ne se touchent pas, ils ne bougent presque pas. Comme si les mouvements allaient briser la matière entre eux, l’air chargé. La chambre est toute l’intériorité protégée et partagée. Entre eux. Pas de ralenti, pas d’accéléré, pas de gros plan. Le plein pied du nous. N’importe quel nous, le cœur ouvert. N’importe quel temps, les corps suspendus. Les toi, les moi, les toi et moi dans l’espace du nous, un petit miracle d’adéquation. Il se passe tout entre ces nous calmes et extatiques. Le lieu est épais et clair. Fragile.