La vie marathon.


Des portes qui claquent. Des tendons déchirés. Des corps usés. Brisés. Des cris. Une vie de fou. Une vie de fou. Des furieux. Des colères. Des larmes comme de la sueur d'épuisement. D'autres plus forts, plus jeunes, plus frais, semblent survoler l'épreuve. Et tout ceux que l'on a déjà dépassé, dans l'euphorie des premiers kilomètres trop faciles. Nous luttons. Je lutte, à bout de nerf, sur la corde raide de la course. La course à quoi, au fait ? Il serait plus simple, plus facile, plus sage. S'arrêter. Le bas côté est là. Rien que le mot. Bas. En miroir du podium. Fait peur. Est un aveu. Une faiblesse sans doute. Le bas-côté, pourtant. M'attends. Je n'arrive pas. Justement. Je n'arrive nul part. Et. J'arrête pas de continuer. J'arrête pas d'essayer d'arrêter. Je cours toujours. Dans les flashs psychédéliques des arbres du bord de route. Soleil, ombre, soleil, ombre, soleil. Fermer les yeux. De la rage du vieil athlète. Une dernière fois. Ne pas s'avouer vaincu, hein. Tout sauf la défection. Du souvenir des victoires et des lignes d'arrivées. Ces putains de lignes d'arrivées qui n'en finissent pas. Jusqu'au bout. Jamais de bouquet final. Sauf peut être une couronne funèbre. Et. Je cours, pourtant. Malgré moi. Arrêtez! Arrêtez-moi ! Arrêtez-vous! Oh, oui, arrêtons-nous un instant. Juste un instant, à l'ombre des arbres du bord de route, voulez-vous ? Des portes qui, des claques, des tendons tendus, des cris. Des larmes de rage, nos impuissances. Des fous et des furieux. Où est la prise, bordel. Le commutateur communautaire. D'accord, d'accord, je viens, je suis, je comme et avec vous, encore un peu. Mais juste après, d'accord, vous me laisserez-là. Au soleil des arbres du bord de route.