Cette rage au fond de moi


Tous mes combats du dedans, du dehors mes rencontres avec moi; toutes mes fureurs de vie mes dents, mes os, mes chairs mes passions et mes angoisses; le feu qui ne consume pas les flammes qui construisent les élans vers les non-retours en arrière; toutes ces mouvances entre moi, entre toi, entre nous les ondes particule-ières du lien; ces courants pas toujours bienveillants les vagues qui m'emportent vers des au delà du tout près; ce dragon en moi sur ma peau et mon âme tatoué cette rage tout au fond de moi; l'amour enfin, ultime aller vers d'un vol sans parachute une fleur entre les dents;

cette vie-là, voyez-vous,

cette vie-là, porte la vie,

et me nourrit.


Parfaire le silence.


Et puis c'est reparti. Comme ça, d'un coup, sans qu'on s'y attende vraiment. On avait encore l'oreille tendue, par habitude. Un chuchotement, peut-être. Un murmure, le discret glas du lointain, le tremolo du tram d'en bas de la rue. On était à l'affut du moindre bruit. Du moindre signe. Au cas où. Prévoyant conducteur qui met sa ceinture comme tout le monde; comme si ne plus sentir cette bande protectrice sur le cœur, c'était déjà mourir. On vivait ainsi, le sonotone à fond, depuis longtemps, depuis des lustres de secondes cristallisées. On vérifiait les piles, les dimanches pluvieux. Mais non, rien. Tout ce silence des crissements quotidiens se répétait inlassablement. Comme le bruit de fond de l'univers, les grésillements des TV en fin de programmes, le vent du désert. Il était là, absent par habitude car nos cerveaux ont cette capacité de négliger, d'effacer, de ne même plus percevoir l'ordinaire.

Alors, évidement, quand c'est parti, comme ça, brusquement, hurlement, nos tympans ont crus éclater. De ça, on n'avait plus l'habitude. On n'a plus entendu, l'espace d'un instant, que nos propres palpitations affolées par le choc thermique. Ce premier bruit, le tambour du dedans, à rempli tout le dehors. Il s'est étendu, tout autour, très loin, de plus en plus loin, comme un écho d'où les autres sons semblaient provenir. On pensait y voir des entrelacs, des réseaux de soi, des toiles impressionnistes. Les drôles de chemins d'hier et de demain, ensemble, simultanément, sur la même onde, la même vague sonore. Comme une illusion de perfection nous échappant déjà, dans un drôle de minutage.

Ça va nous couter cher en orthophonie.

Où es-tu revenue ?

(Et)
paire
due
Notre perdure
au point d'origine, quelque pôle magnétique
menaçant d'effondrement
Revenant, entre nous. Antre donc engouffre nous là dedans sans reprendre ton souffle tu te noies du poumon avant pendant que la poupe sombre doucement. Entre

juste sur la peau, sous mon nez, au dehors, ton souffle. Donc. Reviens d'où je suis partie.
Tu voulais. Bonne idée. On ne sait jamais. Remodeler cette place. Tant le souvenir s'échappe vaste avec. Tant le rouge a coulé, quelque part, entre tes silences et tes croches, ça respire, mal à contre, temps. Tant tes rêves étaient courts dans nos nuits blanches. Tes toutes impaires avec. J'ai confondu. Tu voulais pendant que. Chère
méconnue
chair inconnue
Notre paire est aux cieux des mères schizophrènes. Sauvages.
Et. A l'autre bout. Tu me dira, je suis à bout. Je ne savais pas du pied droit, tu recommences de la main gauche. On ne sait plus faire que ça.
(E)perdues.