" Mais lâches-le, reprit la femme, tu vois bien que c’est qu’un môme.
- Un môme qui viens de faire une connerie. Il va pas s'en tirer comme ça!
- Tu parles, c'est ta morale à toi. Y a rien de bien méchant là-dedans.
- La moralité, si tu veux, c'est aussi l'histoire de la responsabilité. Et c'est pas rien.
- ça commence quand exactement la responsabilité?
- Avec la conscience. Et ce gosse a tout à fait conscience qu'il a fait quelque chose de mal. Crois-moi. Sinon il ne se serait pas enfuit en nous voyant.
- Moi aussi, à sa place, j'aurais fui en te voyant débouler comme un taré. Et si carrément tu t'en réfères à la lutte du bien contre le mal, on n'est pas sortis d'affaire. Faudrait déjà les définir, et pouvoir être certains des effets dans le futur. Or le futur, on n'en sait rien. Même en admettant qu'on arrive à punir tout ceux qui font du mal, il ne resterait plus grand monde du côté des jurés. A commencer par nous. Lâches-le, j'te dis. Laisse-le filer.
- Non, c'est aussi pour lui que je le fais. Il faut qu'il apprenne ça. Dans la vie, à moins d'habiter sur une île déserte ou une grotte, on vit en société. Pour vivre en société, il faut respecter certaines règles élémentaires. Sinon ça vire au pugilat. Les tabous font de nous des êtres humains.
- Je rêve, c'est l'ancien anarchiste qui parle! Arrête ton char, César, les règles c'est de la foutaise faite pour être dépassées. La morale est aussi fluctuante que la météo. Et la responsabilité, c'est un gros mot qu'on nous a appris pour pouvoir y poser la culpabilité. Tu vas pas te mettre à nous réciter la bible tant que tu y es?
- Il faut avoir compris certaines choses avant de les dépasser. Et, sur ce point je te rejoins, ce n'est qu'un gamin. Bien trop jeune pour capter quoique ce soit d'autre que des règles basiques. Le bien, le mal. C'est pas si mal résumé. C'est pas la connerie en elle-même qui est grave, mais la transgression qu'elle suppose. La prochaine fois, ça sera plus grave. Tu le sais aussi bien que moi.
- ça te va bien de pérorer sur la transgression, tiens. Commences déjà par lui apprendre la clémence à ton grand criminel. Pour tout ce qu'on a déjà fait, nous autres humains. Au lieu de lui définir l'altruisme et la liberté humaine par leurs absences.
- Pour faire un être humain libre et généreux, il faut d'abord éduquer l'humain chez l'être.
- Voilà de bien grands mots pour une petite bêtise de rien. A cet âge, c'est de l'amour de ces congénères dont a besoin le petit d'homme. Pas de rhétorique sur le principe d'humanité.
- Parce que tu crois que c'est en lui donnant de l'amour que tu vas aider ce petit con? Tu veux pas lui acheter une glace non plus?"
Pris dans la discussion, l'homme avait relâché son emprise. Aucun des deux ne remarqua que l'enfant c'était éloigné. Par contre, le couple se retourna, synchrone, au son du moteur. En quatre secondes, le magnifique cabriolet était au bout du parking.
"T'aurais dû lui arracher la tête, à ce sale petit connard! Mes bijoux sont dans la malle arrière!" hurla t'elle.
- Un môme qui viens de faire une connerie. Il va pas s'en tirer comme ça!
- Tu parles, c'est ta morale à toi. Y a rien de bien méchant là-dedans.
- La moralité, si tu veux, c'est aussi l'histoire de la responsabilité. Et c'est pas rien.
- ça commence quand exactement la responsabilité?
- Avec la conscience. Et ce gosse a tout à fait conscience qu'il a fait quelque chose de mal. Crois-moi. Sinon il ne se serait pas enfuit en nous voyant.
- Moi aussi, à sa place, j'aurais fui en te voyant débouler comme un taré. Et si carrément tu t'en réfères à la lutte du bien contre le mal, on n'est pas sortis d'affaire. Faudrait déjà les définir, et pouvoir être certains des effets dans le futur. Or le futur, on n'en sait rien. Même en admettant qu'on arrive à punir tout ceux qui font du mal, il ne resterait plus grand monde du côté des jurés. A commencer par nous. Lâches-le, j'te dis. Laisse-le filer.
- Non, c'est aussi pour lui que je le fais. Il faut qu'il apprenne ça. Dans la vie, à moins d'habiter sur une île déserte ou une grotte, on vit en société. Pour vivre en société, il faut respecter certaines règles élémentaires. Sinon ça vire au pugilat. Les tabous font de nous des êtres humains.
- Je rêve, c'est l'ancien anarchiste qui parle! Arrête ton char, César, les règles c'est de la foutaise faite pour être dépassées. La morale est aussi fluctuante que la météo. Et la responsabilité, c'est un gros mot qu'on nous a appris pour pouvoir y poser la culpabilité. Tu vas pas te mettre à nous réciter la bible tant que tu y es?
- Il faut avoir compris certaines choses avant de les dépasser. Et, sur ce point je te rejoins, ce n'est qu'un gamin. Bien trop jeune pour capter quoique ce soit d'autre que des règles basiques. Le bien, le mal. C'est pas si mal résumé. C'est pas la connerie en elle-même qui est grave, mais la transgression qu'elle suppose. La prochaine fois, ça sera plus grave. Tu le sais aussi bien que moi.
- ça te va bien de pérorer sur la transgression, tiens. Commences déjà par lui apprendre la clémence à ton grand criminel. Pour tout ce qu'on a déjà fait, nous autres humains. Au lieu de lui définir l'altruisme et la liberté humaine par leurs absences.
- Pour faire un être humain libre et généreux, il faut d'abord éduquer l'humain chez l'être.
- Voilà de bien grands mots pour une petite bêtise de rien. A cet âge, c'est de l'amour de ces congénères dont a besoin le petit d'homme. Pas de rhétorique sur le principe d'humanité.
- Parce que tu crois que c'est en lui donnant de l'amour que tu vas aider ce petit con? Tu veux pas lui acheter une glace non plus?"
Pris dans la discussion, l'homme avait relâché son emprise. Aucun des deux ne remarqua que l'enfant c'était éloigné. Par contre, le couple se retourna, synchrone, au son du moteur. En quatre secondes, le magnifique cabriolet était au bout du parking.
"T'aurais dû lui arracher la tête, à ce sale petit connard! Mes bijoux sont dans la malle arrière!" hurla t'elle.