Il y a cette nouvelle éraflure dans le tournant avant notre étage. Une griffe d’environ 20 cm qui forme un accent circonflexe dans la cage d'escalier. J’imagine que c’est la marque du piano droit. Arrivée sur notre palier, je vois que la porte est entrouverte. Machinalement, je me dirige en face, la clef est déjà dans ma main. Quand je m’arrête, ma tête se tourne pourtant vers l’appartement ouvert. Les deux gaillards de tout à l’heure ont fini semble-t’il. Je remarque soudain le silence de l’immeuble. Et, puisque la minuterie s’éteint, il n’y plus que le rai de lumière. Je pousse la porte sans bruit. Tout est ouvert, je présume que l’entreprise de nettoyage va bientôt passer. Le soleil envahit le salon par les grandes baies vitrées nues. Je remarque les négatifs de tableaux au mur. Dans la cuisine, je cherche l’emplacement des équipements, de la table, des étagères. Dans leur chambre, le grand lit a laissé ses marques sur la moquette. Des emballages plastiques traînent par terre. Je trouve de longs cheveux roux sur le carrelage de la salle de bain, deux boucles blondes dans la baignoire. La tapisserie de la chambre d’enfant est jolie. Je découvre un petit bonhomme en feutre rouge sur la plinthe. Sur les carreaux, les empreintes des mômes, une petite main presque entière tout en bas, et, plus haut, des doigts à côté d’un équivalent smilley-qui-sourit. L’odeur du tabac empreigne encore le bureau dont deux murs entiers sont resté blancs. Mes pas résonnent dans l’entrée.
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