Sous la poussière des hommes.

La vitrine du brocanteur est un vrai modèle du genre : vitre sale, agglutination d’objets hétéroclites, posés, semble-t’-il, au hasard, sous un mauvais éclairage. Le parfait marketing pour la clientèle à la recherche de vieilleries. En bas, à gauche, à l’ombre d’un soldat napoléonien, se trouve un petit écrin ouvert. Le velours est usé, la soie brunie a pris la forme de l’objet. C’est un petit ciseau à couture. L’argent est ciselé autour des deux anneaux. De loin on dirait deux alliances pour la même main. La pointe du ciseau est fine et pointue. Un subtil rai de lumière égaré lui donne l’éclat d’un petit diamant. La pierre taillée au-dessus des anneaux. Dans l’écrin. Sous l’ombre du soldat. Dans la vitrine du brocanteur.

Une fraction de seconde plus tard, la foule m’a avalé. J’étais dans l’onde vivante du champ de blé sous le vent. L’énergie me traversait, rassurante.