La piscine Berthelot fut construire dans les années 70 au cœur du quartier des Marolles à bruxelles. Elle connut des heures glorieuses de fréquentation. Des heures sombres aussi, car les piscines finissent, comme le reste, par couler dans la grande tempête du progrès. Elle fut reprise en 2003 par une association proposant des spectacles à la place de l’eau. A cette époque le décalage du lieu et de la fonction était à la mode et, sans lui redonner une seconde jeunesse, lui permis de retarder la démolition. Entre ses deux périodes néanmoins, elle ne fut pas inoccupée. Un homme y vécu même plusieurs années.
Monsieur Méno portait continuellement un long manteau brun de velours râpé, ou de cuir auréolé, on ne sut jamais bien. C’est le seul vêtement qu’on lui connut, et ne l’ouvrant jamais, on aurait pu croire qu’il n’avait rien d’autres que cette peau usée sur son corps sans âge. Il vivait dans le grand bassin. Dans l’ancien bar il y avait un réchaud, quatre douches fonctionnaient encore, comme beaucoup de toilettes. Mais Méno ne quittait pas le grand bassin. Concrètement on devine qu’il devait en sortir de temps à autre pour satisfaire ses besoins, peut-être même mettre le nez dehors puisqu’il n’avait ni téléphone ni visites régulières pouvant fournir les impératifs vitaux. Mais enfin, personne du quartier ne le vit jamais ailleurs que dans son bassin, avec son manteau. Il faut dire qu’il fait froid à la piscine Berthelot quand l’eau n’est plus là pour réchauffer l’air. La lumière inonde le carrelage bleu à travers les grandes verrières du plafond mais rebondie dans le vaste espace glacé, sans effet de serre. Même en pleine canicule, on y a froid du vide. C’était pire encore du temps de Méno et les rares personnes l’ayant vu ont toutes été figées devant la scène d’une vacuité prenant à la gorge. Au centre du grand bain asséché, une table presque nue et une chaise. Au fond un matelas. Dans la gouttière des contours, il y avait encore ses livres alignés sur ce nacre entre les échelles et les plongeoirs. Et puis sur les bords un second cercle fait de vieux canapés et fauteuils dépareillés, comme dans l’éternelle attente d’un lecteur. Mais aucun des visiteurs n’eut l’occasion de s’y asseoir puisque Méno ne proposait jamais que sa chaise, à l’exact centre de ce qui semblait tout à coup être un jury de fantômes.
On ne sait pas quand monsieur Méno arriva exactement, ni même quand il partit. D’ailleurs, on sut rien d’autre de lui, ou presque, et la plupart des suppositions sur son existence n’alimentaient même pas les rumeurs du quartier. Peu de gens s’y intéressèrent longtemps, hormis ceux qui l’ont rencontré car il était forcement de ces personnages inoubliables.
Monsieur Méno portait continuellement un long manteau brun de velours râpé, ou de cuir auréolé, on ne sut jamais bien. C’est le seul vêtement qu’on lui connut, et ne l’ouvrant jamais, on aurait pu croire qu’il n’avait rien d’autres que cette peau usée sur son corps sans âge. Il vivait dans le grand bassin. Dans l’ancien bar il y avait un réchaud, quatre douches fonctionnaient encore, comme beaucoup de toilettes. Mais Méno ne quittait pas le grand bassin. Concrètement on devine qu’il devait en sortir de temps à autre pour satisfaire ses besoins, peut-être même mettre le nez dehors puisqu’il n’avait ni téléphone ni visites régulières pouvant fournir les impératifs vitaux. Mais enfin, personne du quartier ne le vit jamais ailleurs que dans son bassin, avec son manteau. Il faut dire qu’il fait froid à la piscine Berthelot quand l’eau n’est plus là pour réchauffer l’air. La lumière inonde le carrelage bleu à travers les grandes verrières du plafond mais rebondie dans le vaste espace glacé, sans effet de serre. Même en pleine canicule, on y a froid du vide. C’était pire encore du temps de Méno et les rares personnes l’ayant vu ont toutes été figées devant la scène d’une vacuité prenant à la gorge. Au centre du grand bain asséché, une table presque nue et une chaise. Au fond un matelas. Dans la gouttière des contours, il y avait encore ses livres alignés sur ce nacre entre les échelles et les plongeoirs. Et puis sur les bords un second cercle fait de vieux canapés et fauteuils dépareillés, comme dans l’éternelle attente d’un lecteur. Mais aucun des visiteurs n’eut l’occasion de s’y asseoir puisque Méno ne proposait jamais que sa chaise, à l’exact centre de ce qui semblait tout à coup être un jury de fantômes.
On ne sait pas quand monsieur Méno arriva exactement, ni même quand il partit. D’ailleurs, on sut rien d’autre de lui, ou presque, et la plupart des suppositions sur son existence n’alimentaient même pas les rumeurs du quartier. Peu de gens s’y intéressèrent longtemps, hormis ceux qui l’ont rencontré car il était forcement de ces personnages inoubliables.