Comptoirs et comptoirs.

Quand les dimanches arrivent, les hommes sortent encore au port. Pour regarder les voiliers. Les grands cargos aux destinations exotiques, qui ne les prendront jamais. Car si les bateaux ont des jambes, ils n’ont pas de bras. C’est une aubaine : il n’y a plus assez de forçats pour ramer.

Les enfants jouent sur les quais ; les couples rêvent parfois dans la même direction et plus souvent de monter à bord du premier venu ; les célibataires, eux, cherchent l’âme sœur parmi les voiles. Aux ports, comme ailleurs, la vie s’écoule. Et quand la grande corne sonne, chacun frissonne.

Quand les dimanches sont cléments, on rentre fatigués de tant de voyages artificiels. Pas tout à fait rassasiés, car il manque toujours quelque chose, dans les ports. Ce qui les rendent si attirants, sans doute. On aime le même, c’est maladroit comme on a besoin de besoins.

Dans les ports, la nuit, il y a l’autre vie, aussi. Le port est un haut lieu social créant le voisinage des yachts et des pirates, des cordes à linge et lignes à ferrer. Des salons de thé de tous genres, rayons de glace vanille-chocolat et whisky sec. Les ports ont toujours cinquante portes de bistrot au bord.

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