Dans la ville, le grand marteau frappe comme un cœur colossal. C’est une sorte d'énorme pilon dans le port. Il ne semble servir à rien d’autre que cette vibration irradiant à travers les rues, les places, les bouches de métro, jusqu’à la terre qui frisonne sous le corps. Jusque dans l’herbe et les plumes inspirées par le vent. Jusque l’immense chevelure du géant figé dans le bois.
Expérience dominicale.
Dans la ville, le grand marteau frappe comme un cœur colossal. C’est une sorte d'énorme pilon dans le port. Il ne semble servir à rien d’autre que cette vibration irradiant à travers les rues, les places, les bouches de métro, jusqu’à la terre qui frisonne sous le corps. Jusque dans l’herbe et les plumes inspirées par le vent. Jusque l’immense chevelure du géant figé dans le bois.
Il n’y aura pas de prisonnier.
profond
sous-terrain
et les murs épais
moites
les pièces noires, humides et froides, terribles plafonds à hauteur de hanches et ouvertures en meurtrières.
La guerre, forcement. Les boulets rouges dans les flancs, les fortifications écrasantes tombent.
Le chaos, la fin, les ruines.
Plus de geôle ni de geôlier ni de geôlière.
Plus de prisonnier.
Il y aura des morts encore, des affrontements et des blessés, conflits armés.
Mais plus de fantômes, ni plus de retenus, ni plus de contrôle. La fin des lourdeurs administratives et scolaires.
L’amour en champs libérés, l’amour en terre d’accueil pour sans papiers.
Montée de sève.
C’est un appétit féroce. Je le sens courir sous ma peau, en frissons infernaux. C’est un tremblement, c’est un séisme d’ovaires, un instinct bousculant les anorexies planifiées. C’est le cerveau primitif devenu maître, la bête de l’homme, l’appel du mâle et du sexe et du plaisir, la faim d’orgasmes crochée au corps plus sûrement que les envies de reproduction. Car cela va au delà des impératifs de l’espèce, cela nous touche intimement, dans chaque noyau de cellules. Le diable peut-être. La folie vivante. Les chaleurs incoercibles, les bouleversantes érections, les programmes hormonaux qu’on voudrait distincts de nous tant ils échappent à notre contrôle. Ça nous échappe, oui. Pauvres innocents assoiffés de vie. Et c’est bon, voilà, c’est bon. Rien, plus rien ne dégoutte. Rien, plus rien ne compte pourvu que l’on se soulage le désir. Satisfaction des tensions libidinales en aller simple vers l’apaisement.
J’aurais voulu en être guérie à jamais, dans ma grande fatigue d’après course. Mais ça revient, malgré moi, malgré l’oubli. Ou peut-être à cause de lui, à cause des luis aux voix fortes. Tout ce que je voulais c’était m’en débarrasser, mourir un peu, pour de faux mais faire comme si. Je suis entière de la libido. Involontairement. Croyez-le bien. J’attends un sursis, j’attends l’aube, j’attends d’être rassasiée enfin, j’attends l’hiver prochain.
Infernal cycle vital
Puisque
Il y avait la bêtise et la rage, les abyssales déchirures et la douleur plus aiguë encore
La pluie acide des larmes dans les lapidations vengeresses
Les horribles hypocrisies en para-tonnerre
Les desserts bien trop chocolatés,
Pour être sincères.
Les furieux frissons de l’intérieur
glacé
Et ça revient en vagues, en échos aléatoires, plus destructeurs encore. Les barrages rompent alors dans l’euphorie libératoire. La terrible, la tragique liberté des tornades.
Cependant il y a l’oeil. Les yeux de cyclones, répits cyclopéens. La découverte soudaine des espaces, déserts imitant le paisible, comme une virginité d’entrailles à engloutir encore; cher Prométhée tu nous as offert le feu et nous t’en remercions, pauvres imbéciles.
Bien sûr, un jour, il n’en restera que des cendres. Ce grand apaisement des vivants. Le grand immobile. Un jour. Sûrement.
Pourtant
déjà
les premières oraisons printanières sur le sol fertilisé par la pourriture. Ainsi viendront éclore
les prochains fantômes, plus beaux encore. Eclatants. A éclater.