L'heure d'heurt Hunter.

Il a ouvert le tiroir, brusquement. Mais il ne nous a pas empoignées, prise par poignées, lestement, comme d’habitude. Il a joué à nous faire rouler du bout du doigt. Il a pris deux ou trois autres compagnes fuselées. Il a grogné et les a jetés sur le sol poisseux.
Il me prend, moi. Moi. Moi, seulement. Jeune pucelle et vieux camé. Tout à la fois. Drôle de couple. Je sens sa peau qui frissonne et la mescaline qui tremble et l’alcool dans son haleine et la coke dans ses narines. Il me serre entre le pouce et l’index, il me mate de tous les côtés, il me lèche en me faisant tourner. Il lèche en même temps la poudre restée sur ses doigts, il bave épais. Son poing se referme. Il m’emmène. Moi. Seulement moi.
Il a un rictus, dernière grimace à emporter, au moment de me glisser dans ma chambre sarcophage. Il en a pris soin. Elle brille de noir métallique. Il m’y fait pénétrer doucement, tendrement. Odeur de poudre brûlée, de gras et d’acier. La vie, maintenant, est au bout de mon tunnel.
Il ferme. Je sens le percuteur contre mon cul. C’est moi l’élue. C’est moi qui irai embrasser sa fleur de pensée liquide. Dire qu’il voulait être shérif. Je serais l’étoile. Je serais l’explosion finale. Il aime ça, les explosions. Il a vécu en explosions. D’orgasmes volés en diarrhées violentes, d’armes à feu en bouchons de champagne. Et pour la dernière ce sera moi, bang bang, contre son crâne, dans sa masse cérébrale. Nous allons succomber, ensemble, l’un par l’autre. Je te promets, chéri, d’être dure comme toi, éclatée pour toi, déchirante dans ta chair, pénétrante en vol pour le viol de ta peine.
La lumière, les flashs psychédéliques au travers de l’orifice, les bruits et les odeurs, le monde s’effacent. Le canon glisse sur ses cheveux gras. Il pue la fumée, de tout près. A bout portant, une étoile rien que pour lui. Clic. c’est le dernier des bruits. Clic. Parce que le boum est inaudible, là où nous sommes. Clic.

Aucun commentaire: